L'accueil «légal»
de ceux venant de l'extérieur
Selon le pays dans lequel vous
vivez, votre nationalité et votre situation financière,
il vous sera plus ou moins facile de vous rendre dans un
pays européen (ou d'un pays européen à
un autre) et d'y travailler.
Si vous avez au moins 100 000 dollars
en banque, vous rencontrerez peu de difficultés pour
obtenir un visa ou un permis de séjour dans la plupart
des pays. Beaucoup de pays ont arrêté de délivrer
des visas aux ressortissants étrangers vivant sur
leur territoire. Prenez l'exemple d'une personne qui rend
visite à sa famille avec un visa de tourisme et souhaite
rester dans le pays ; elle devra alors quitter le pays
et faire une nouvelle demande de visa, avec tous les frais
et le stress de la séparation que cela implique.
Des réglementations strictes s'appliquent aux compagnies
de transport, afin de s'assurer qu'elles ne transportent
que des passagers munis du droit d'entrée dans un
pays spécifique. Une compagnie qui enfreindrait ces
réglementations s'exposerait à une pénalité
et devrait prendre en charge les frais de rapatriement des
personnes concernées.
Quelle est la différence entre une Visa et une American
Express ?
A moins que vous ne soyez employé
par une grande société transnationale, vous
aurez de grosses difficultés à obtenir l'autorisation
de vivre et de travailler dans n'importe quel pays européen
de l'Espace économique européen (EEE). Par
contre, les ressortissants de ces pays sont autorisés
à aller relativement librement de l'un à l'autre.
Bien que les réglementations diffèrent légèrement,
les enjeux majeurs restent les mêmes. Si vous avez
l'intention de séjourner dans l'un ou l'autre de
ces pays en toute légalité, vous devez savoir
les choses suivantes :
• Le permis de séjour. Il vous sera délivré
si vous avez déjà obtenu un permis de travail.
• Le contrat de travail avec une entreprise reconnue.
Sans lui, vous ne pouvez obtenir de permis de travail.
• Le permis de travail ne sera délivré
que si l'employeur peut prouver que personne dans la population
de son pays ne peut occuper cet emploi.
• Les procédures officielles et les délais
d'obtention du permis de travail dissuadent de nombreux
employeurs de tenter de recruter des ressortissants des
pays du tiers monde.
• Si, entre-temps, vous commencez à travailler
avant d'en avoir obtenu l'autorisation officielle, vous
risquez l'expulsion immédiate.
• Certains crimes ne peuvent être commis
que par les étrangers. Les dispositions juridiques
changent : à vous de vous assurer que vous vous
y conformez.
Combien de personnes viennent pour vivre et travailler dans
votre pays ?
Il existe des exceptions à
la règle. En Europe centrale et orientale, et plus
particulièrement en Allemagne, la migration de peuplement
permanente de ces dernières années concerne
des groupes ethniques spécifiques «retournant»
dans leur pays d'origine dans lequel on leur garantit un
droit automatique d'établissement. Parmi ceux concernés
on trouve les Aussiedler allemands, les Finlandais ougriens,
les Turcs bulgares, les Grecs d'origine ponte et les Magyars
roumains.
Et quelles sont nos réponses
à tout ceci ?
Nous nous sommes penchés
sur certains points et sur un peu d'histoire et avons mis
en lumière les forces agissantes au sein de nos sociétés.
Au même moment, nous nous rapprochons et nous nous
séparons. Le visage et les visages de l'Europe ont
considérablement changé au cours des dernières
décennies et, dans nos sociétés multiculturelles
d'aujourd'hui, nous devons faire face à plus de stress
et de contraintes que par le passé.
Un modèle à
adapter
Lors du symposium préparatoire
de la Campagne «Tous différents - Tous égaux»
en 1993, les récentes recherches présentées
ont jeté un jour nouveau sur les enjeux auxquels
nous devons faire face. Ces recherches, menées en
Belgique, suggèrent la possibilité de répartir
la population en quatre grands groupes :
A. Les personnes déjà conscientes
des problèmes du racisme et plus ou moins activement
engagées dans des activités antiracistes (environ
10%).
B. Les personnes tolérantes mais
non (encore) engagées dans des activités antiracistes
(40%).
C. Les personnes ayant des tendances racistes,
mais qui ne commettent pas d'actes racistes (40%).
D. Les racistes qui manifestent ouvertement
leurs penchants racistes (10%).
Ce qui est peut-être représentatif
de la Belgique ne l'est pas forcément de l'ensemble
de l'Europe, mais les activistes antiracistes (d'autres
pays) qui ont vu ces résultats reconnaissent que
les proportions calculées correspondent globalement
à leurs propres estimations. Selon eux, les pourcentages
de jeunes sont plus importants dans les groupes A et D.
Pensez-vous que ce modèle reflète la réalité
de votre pays ?
Que les proportions soient les
mêmes ou pas, vous pouvez utiliser ce modèle
pour analyser la situation dans votre pays. Il peut aussi
servir à déterminer des stratégies
pour cibler certains groupes dans le cadre de campagnes
ou lors de l'élaboration d'approches pédagogiques.
Allons-nous faire en sorte de pousser à l'action
les personnes tolérantes du groupe B ? Allons-nous
manifester ouvertement notre opposition à celles
du groupe D ? Allons-nous travailler avec celles du
groupe A pour remettre en question certaines de nos hypothèses ?
etc.
Pour citer un exemple plus récent,
le journal La Republica du 19 mai 1995 rendait compte d'une
étude sur les préjugés menée
auprès de 2500 jeunes en Italie. L'enquête
avait été effectuée par le Instituto
di richerche sociali di Milano (Institut de recherche sociale
de Milan) qui classait les résultats obtenus en quatre
groupes :
A. «xenofobi» - (xénophobes,
personnes effrayées par les étrangers ou contre
les étrangers) - 12,3%
B. «instabili» - (instables)
- 31,6%
C. «neutrali» - (neutres) -
35,2%
D. «antixenofobi» - (antixénophobes)
- 20,9%
Ces quatre groupes sont peut-être
comparables à ceux définis par l'étude
belge, mais il est important de constater que la terminologie
employée est complètement différente.
Le racisme, l'antisémitisme, la
xénophobie et l'intolérance s'expriment sous
des formes très différentes en Europe ;
il se peut par conséquent que vous deviez définir
d'autres modes de description ou d'analyse des différents
groupes caractérisant la situation de votre pays.
Nous nous pencherons sur les enjeux que constituent la définition
de ces termes dans le prochain chapitre.
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